Une collaboration scientifique sans précédent réunit une cinquantaine de chercheurs en Géosciences et en Sciences Humaines, Sociales et Economiques, issus de différentes institutions (universités, CNRS, BRGM et INRAE) ainsi que des acteurs des territoires pour identifier et comprendre les verrous et leviers géologiques et sociétaux du devenir du sous-sol sur divers sites du Massif Central français, dans un contexte de transitions écologique, énergétique et sociologique à l’échelle planétaire.

Enjeux/besoins

Le Massif central français, avec son histoire géologique de plus de 600 millions d’années, son historique minier et son potentiel en ressources minérales et énergétiques, est une cible unique pour aborder les enjeux des transitions énergétique, écologique et sociale futures. Si l'activité minière s'est aujourd'hui pratiquement arrêtée partout, des permis d’exploration sont en cours ce qui suscite l’intérêt et soulève également de nombreuses inquiétudes et mobilisations au sein des populations et des autorités locales. Force est de constater l’hétérogénéité des positions sociales sur la question du renouveau minier ainsi que sur l'utilisation future de la géothermie profonde pour répondre aux besoins énergétiques du pays. Or, l'état actuel des connaissances géologiques ne permet pas un débat éclairé sur les enjeux du sous-sol. En effet, les incertitudes sur les ressources potentielles du sous-sol, et sur l'intérêt et les formes que pourrait prendre l'exploitation future, inhibent la formalisation d'opinions et la prise de décisions éclairées. Cette situation peut rendre difficile la mise en place d'une gouvernance démocratique des usages du sous-sol dans le futur.

Massif central

Objectifs, démarche et structuration du projet

Le projet « Massif central », projet ciblé n°13 du PEPR Sous-sol, bien commun, vise à comprendre les conditions sociales et géologiques dans lesquelles le Massif central français peut contribuer aux transitions actuelles, et obtenir une connaissance partagée du sous-sol aux niveaux régional et local.

La notion de "bien commun" est apparue comme un enjeu fondamental et prioritaire dans la co-construction intellectuelle de ce projet. Elle implique une approche interdisciplinaire (1) et transdisciplinaire (2) qui induit la structuration du projet  autour de sites pilotes identifiés par les chercheurs pour leur potentiel géologique (potentiel en métaux stratégiques et critiques et/ou potentiel pour la géothermie profonde), leurs caractéristiques sociologiques (contexte urbain versus milieu rural, ancien site minier ou nouveau gisement) et l'intérêt de produire et croiser différents savoirs. L’hypothèse de travail de ce projet est que l’intelligence collective devrait contribuer à aborder les défis des transitions.

  1. Approche interdisciplinaire : à partir de l’objectif défini en commun, il s’agira d’identifier d’une part les processus géologiques impliqués et lancer les bases d’une analyse prédictive, et d’autre part, de comprendre les dynamiques territoriales, logiques et attentes des divers acteurs (citoyens, associations environnementales, industriels, décideurs) sur différents sites d’étude présentant des potentiels en ressources minérales ou un potentiel géothermique et des configurations territoriales variées. 
  2. Approche transdisciplinaire : la démarche doit permettre aux scientifiques et parties prenantes non universitaires (aux différents acteurs du territoire, associations de citoyens, industriels, décideurs politiques) d’interagir sur les mêmes "objets" pour créer des liens et partager des connaissances sur le problème étudié.

Pour répondre à ces enjeux le projet est structuré en 5 workpackages : 

  1. Management du projet 
  2. Ressources et société dans les transitions du Massif central, 
  3. Outils innovants pour la caractérisation du potentiel géologique, 
  4. Histoire géologique du Massif central retracée par ses ressources du sous-sol 
  5. Coordination et actions inter et transdisciplinaires. 

Résultats attendus

Le principal résultat attendu du projet est la production et le partage des connaissances coproduites sur différents sites pilotes concernant les conditions géologiques et sociales de contribution du Massif Central aux diverses transitions en cours et futures. Pour cela, les membres du projet souhaitent d’une part constituer et fédérer une communauté hybride de savoirs sur le sous-sol du Massif central, composée de diverses disciplines scientifiques et de porteurs d’enjeux territoriaux, afin de contribuer à un débat éclairé sur les questions concernant le sous-sol en tant que bien commun.

D’autre part, ils produiront des connaissances sur différents sujets, concernant par exemple :

  • Les effets pédagogiques des résultats scientifiques du projet à l'aide d'un jeu sérieux ;
  • Les trajectoires territoriales des territoires miniers avec leurs bifurcations, forces et faiblesses en termes de résilience territoriale (contribution méthodologique importante avec l'ambition de la reproductibilité) ;
  • La cartographie des parties prenantes et des réseaux de mobilisation ;
  • Les perceptions et positions de divers acteurs territoriaux concernant le sous-sol, les activités minières, les métaux critiques, la géothermie profonde et les risques associés ;
  • Une analyse juridique sur les outils mobilisés pour le territoire choisi et les minéraux identifiés ;
  • Une analyse des effets sociaux des moyens de communication sur la géothermie ;
  • La réalisation de modèles métallogéniques actualisés pour différents types de gisements ;
  • La réévaluation du cadre géologique et chronologique pour les différentes minéralisations dans le Massif Central français, en lien avec les principaux événements magmatiques et tectonométamorphiques ;
  • Le développement de méthodes efficaces d'acquisition et d'interprétation des données géochimiques et géophysiques, et de cartographie prédictive pour améliorer l'exploration dans le Massif Central ;
  • L’évaluation de potentiels et le fonctionnement de réservoirs géothermiques profonds dans le bassin de la Limagne et le système volcanique du Mont Dore-Sancy (sur un socle fracturé) ;
  • L’écolution thermo-hydro-mécanique d’un domaine avec une anomalie thermique avérée ;
  • La co-organisation de sessions de formation, possiblement sur le terrain, pour les universités et/ou les scolaires (en lien avec le projet éducatif au niveau de la gouvernance du PEPR Sous-sol).

Responsables du projet 

Florence Cagnard est géologue au BRGM depuis 2009. Elle mène principalement des recherches sur la déformation des lithosphères continentales chaudes dans différents types d'orogènes et sur la caractérisation de l'évolution métamorphique et structurale de différents segments de la ceinture varisque en France (Massif central, Massif armoricain, Alpes externes, Pyrénées). Elle est impliquée dans différents projets de cartographie géologique en Afrique (Cameroun, République du Congo, Namibie, RDC...). Depuis une dizaine d'années, elle a acquis une expertise importante sur la caractérisation de l'amiante environemental (NOA) et les questions connexes. Elle est aujourd'hui en charge de divers projets opérationnels et de recherche concernant notamment la géologie et la métallogénie en Afrique et l'évaluation des risques liés à la présence d’amiante environemental en France, et assure également des formations professionnelles en France et en Afrique (projet PanafGeO "Pan-African Support to the EuroGeoSurveys-Organisation of African Geological Surveys (EGS-OAGS) Partnership"). https://orcid.org/0000-0002-5047-1682

Olivier Vanderhaeghe, géologue, est professeur à l'Université de Toulouse depuis 2014. Il a développé une expertise sur l'évolution thermo-mécanique des racines des chaines de montagnes, ensuite appliquée à différentes cibles géologiques dans les chaines alpine et varisque ainsi que dans des domaines de croûte plus anciennes  en Amérique du Nord (Grenville), Afrique occidentale et centrale (Eburnean et Panafrican) et Amérique du Sud (Transamazonien), avec un accent particulier sur les mécanismes de croissance et de différenciation de la croûte et sur le rôle du magmatisme et de l'hydrothermalisme sur les transferts de masse et de chaleur appliqués aux ressources minérales et énergétiques. Une partie de ses activités de recherche a impliqué un partenariat avec des sociétés minières dans le but d'accroître la connaissance de la géologie de l'Afrique et de l'Amérique du Sud et de former la future génération de géologues de ces pays. Il est actuellement responsable du réseau de recherche international FALCoL consacré à la différenciation lithosphérique. ORCID : https://orcid.org/0000-0001-9361-4631

Sylvia Becerra est sociologue, chargée de recherche au CNRS au laboratoire Géosciences Environnement Toulouse depuis 2006. Elle est spécialisée dans l'étude des risques environnementaux, et plus récemment des conditions d'habitabilité et de durabilité dans la transition énergétique (compromis entre ressources et risques). Elle a 17 ans d'expérience interdisciplinaire. Son expérience internationale porte sur l'étude des vulnérabilités et des réponses aux risques environnementaux dans les domaines de la pollution de l'air, du pétrole et de l'exploitation minière. Elle a notamment (co)dirigé le projet ANR SOCENV-MONOIL (2013-2018, 863kE) sur les impacts du pétrole en Equateur. Elle co-pilote l'ANR APIMAMA (PI : C. Liousse LAERO) sur la pollution de l'air à Abidjan (2022-2025). Elle coencadre actuellement 3 thèses de doctorat (gestion de crise après les mines dans les Cévennes ; risques sanitaires dans le bassin du Lerma au Mexique ; vulnérabilité et trajectoires des femmes surexposées à la pollution atmosphérique à Abidjan). ORCID : https://orcid.org/0000-0003-1054-6616

Partenaires

Les partenaires du projet travaillent actuellement dans les domaines des géosciences, des sciences humaines, sociales, économiques, juridiques, de la géographie et des sciences de l'éducation. Le partenariat implique des chercheurs aux compétences complémentaires, ayant une expertise nationale à internationale sur les problématiques abordées dans le projet. 

Le consortium associe le BRGM, le CNRS (délégations régionales 8,11,14), l'INRAE, les universités de Clermont Auvergne, Montpellier, Lorraine, Paris-Saclay, Savoie-Mont Blanc, Rennes, Bourgogne-Franche-Comté, et implique également l'Université d'Orléans et l'Université Toulouse III Paul Sabatier.

Le projet bénéficie des résultats et de l'expertise des chercheurs impliqués dans (ou gérant) différents projets de recherche ANR existants (ANR TRANSFAIR, ANR GERESFAULT, ANR MACIV, ANR CMIO) et des projets européens sur les métaux critiques (e.g. ERAMIN AUREOLE). Afin d'éviter la duplication des travaux, les objectifs du projet prendront en compte les résultats et les principales conclusions de ces projets existants.

Au-delà des partenariats académiques, des liens ont été établis avec d'autres projets ciblés du PEPR, en particulier les projets ANTICIP, Modélisation dynamique, Terre numérique, InnovTech, VERTIQUAL et JPEC, et avec d'autres PEPR (Risques - IRIMA, OneWater,...). Le projet a été conçu comme un "laboratoire" où les activités de recherche des autres projets ciblés peuvent être mises en œuvre à l'échelle territoriale.