Qu’ils soient scientifiques, responsables politiques, industriels ou citoyens, les acteurs concernés par le sous-sol anticipent de façon différente ses usages à venir. Pendant 5 ans, des sociologues analyseront les pratiques d’anticipation des acteurs, les savoirs sur lesquels ils reposent, ainsi que leurs conséquences politiques.

Enjeux

Des « scénarios » et « trajectoires » sont utilisés par différents groupes d’acteurs (scientifiques, décideurs publics), notamment pour penser l’adaptation au changement climatique. Ils sont déclinés à différentes échelles temporelles, territoriales, et par secteur pour informer la décision publique. Le sous-sol est mobilisé dans ces exercices de modélisation, notamment en tant que pourvoyeur de ressources (minérales), d’énergies (géothermie) ou d’espace (de stockage ou pour le développement d’infrastructures).

Ces scenarios côtoient d’autres modes d’anticipation, issus d’autres acteurs, mobilisant des savoirs et des conceptions de l’avenir potentiellement différents (qu’il s’agisse de savoirs juridiques, de décisions d’investissement d’entreprises ou encore d’expériences citoyennes). Ils sont porteurs d’autres manières de concevoir l’action publique relative aux usages du sous-sol, conciliables ou parfois antagonistes.

Se pencher sur la fabrique des futurs du sous-sol et cartographier les savoirs impliqués est nécessaire pour avoir une approche critique et réflexive de ces processus afin d’enrichir le débat public quant aux futurs possibles des sous-sols.

Cela implique des études empiriques comparatives pour observer dans un premier temps comment le sous-sol, inaccessible et complexe, est mis en modèle par différentes communautés d’experts. Il s’agit ensuite de voir comment les usages qui peuvent en être fait sont envisagés dans le futur, de façon positive ou négative, par des acteurs publics, sociaux, économiques, donnant lieu à d’autres modélisations. Enfin, il convient d’observer les actions présentes que ces anticipations entrainent (investissements économiques, encadrement légal, propositions alternatives citoyennes…).

Cela permet d’explorer les dimensions sociales et politiques des projections relatives au sous-sol et d’analyser leurs conséquences sur les processus décisionnels et la mise en débat démocratique.

 

Objectifs 

Le projet ANTICIP est le premier des 13 projets ciblés (PC) du Programme de recherche (PEPR) Sous-sol, bien commun.

Il se structure autour de 3 axes :

  • Le premier axe analyse les imaginaires liés aux futurs du sous-sol et la place que lui font les décideurs publics, notamment les collectivités territoriales, dans leurs documents prospectifs. 
  • Le second vise à mettre en place des ateliers participatifs pour concevoir des scenarios sur les usages du sous-sol avec des acteurs locaux, autour de jeux sérieux.
  • Le dernier axe a pour objectif de comprendre, notamment par le biais d’études ethnographiques, comment le futur est construit par des communautés scientifiques et par d’autres publics. Des cas de contestation d’usages du sous-sol seront étudiés et des actions pour générer de l’interdisciplinarité entre géo-scientifiques et chercheurs en sciences humaines et sociales au sein des équipes du PEPR seront mises en place.
Réunion de débat public organisée par la CNDP

Réunion de débat public organisée par la CNDP au sujet du projet Montagne d’Or en Guyanne, le 25.04.18 à Awala Yalimapo

 © CNDP

Résultats attendus

Ainsi, le projet permettra :

  • De cartographier et d’analyser les différentes épistémologies de la modélisation du sous-sol (les hypothèses des modèles, les théories sur lesquelles ils reposent, leur conception du sous-sol et de ses usages), au sein du PEPR et au-delà ;
  • De mettre en lumière des angles morts des modèles en explorant des types alternatifs d'anticipations provenant de sources variées (connaissances des citoyens, mouvements sociaux, entreprises,...) ;
  • De favoriser l’interdisciplinarité (articulation entre des savoirs académiques) et la transdisciplinarité (articulation entre des savoirs académiques et locaux) ;
  • D’enrichir les travaux de sociologie des sciences, sociologie économique et géographie politique sur les politiques de construction des futurs, en questionnant la construction des modèles, leur capacité à accompagner la prise de décision et à transformer la réalité dans le temps ;
  • De contribuer au débat public sur le sous-sol conçu comme un bien commun.

 

Coordinateur

Brice Laurent, Ingénieur en chef des Mines, Mines Paris

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