
Podcast GEO
Ce troisème épisode fait dialoguer Isabelle Halfon, ingénieure géotechnicienne au BRGM et coordinatrice du chantier régionale "Bassin parisien (S-PASS) du programme Sous-sol et Dominique Perrault, architecte et urbaniste.
Dans ce troisième épisode, il est question des enjeux du 21e siècle en aménagement du sous-sol urbain, en rapprochant les problématiques géotechniques et architecturales.
Pour écouter.
Pour résumer :
Le sous-sol urbain est déjà intégré aux stratégies urbanistiques aux quatre coins du monde. On pense à Montréal et à Helsinki pour faire face à la rudesse du climat, mais il existe également à Singapour une volonté de création d'un "miroir" souterrain de son espace urbain et de manière plus intégrée, au Japon, une logique déjà éprouvée de réseau souterrain reliant les grands équipements et les quartiers environnants.
Concernant la France et plus particulièrement la région parisienne, le principal frein à un réel investissement de cet espace est le manque de connaissance, alors que l'espace souterrain de cette région est densément exploité (transport, carrières, assainissement, transport d'énergie, etc.). Ce paradoxe s'explique par l'absence de relation entre les grands projets et de mise en commun des connaissances accumulées par chaque infrastructure.
Chaque exploitant dispose en effet d'une cartographie précise de son réseau, mais aucun outil à ce jour ne permet de les réunir pour visualiser simultanément l'ensemble des réseaux et leurs enchevêtrements, ce qui serait nécessaire pour construire une gouvernance et une stratégie globale d'aménagement.
Pour autant, la recherche en géotechnie et en architecture ne manque pas d'idées !
Est-ce que le sous-sol pourrait être utilisé pour gagner de l'espace dans les villes pour accueillir plus d'habitants et d'activités et limiter l'étalement urbain ?
En théorie, oui, on peut imaginer le transfert de certaines activités actuellement en surface (culturelles, récréatives, sportives, numériques avec les datacenter, etc.), mais tout dépend de la profondeur.
Proche de la surface, entre 7 et 9 mètres en moyenne, le sous-sol a déjà été libéré et harmonisé par les travaux d'Haussmann au19ème siècle. Plus récemment, des millions de mètres carrés de parking y ont été construits, mais ils sont de moins en moins utilisés à mesure que l'usage de la voiture recule et ils sont faciles d'accès. Mais là encore, aucune cartographie de tous ces espaces n'existe, préalable à une planification globale.
Plus en profondeur, la problématique de l'eau commence à se poser, car des flux imprévisibles peuvent causer des dommages. Pour autant, il serait possible d'intégrer certaines infrastructures en les adaptant aux dynamiques naturelles des nappes et écoulements.
Plus concrètement, les espaces urbains actuels ont été imaginés pour être posés sur le sol, mais ce n'est pas irréversible. Il est possible d'envisager des (re)constructions qui se prolongeraient dans le sol, pareilles aux arbres et leurs racines, intégrant au minimum dans leurs fondations des sondes géothermiques pour le chauffage et la climatisation.
Pour ce qui est d'avoir accès aux cartographies nécessaires pour explorer les potentiels d'aménagement du sous-sol sous la ville actuelle, les équipes du projet S-PASS sont pleinement impliquées pour récolter, homogénéiser et compiler toutes ces données. Suivez les actus du projet !