Objectif : avec l’importance croissante du développement durable, reflétée dans diverses politiques, des lignes directrices d’analyse du cycle de vie (ACV) ont émergé ces dernières années pour différents secteurs et matériaux, notamment en lien avec les batteries et leurs matières premières. Cet article analyse les incohérences entre les lignes directrices d’ACV de différentes industries, leurs implications pratiques et les voies potentielles d’harmonisation. Méthodes : nous analysons les lignes directrices d’ACV de quatre matières premières essentielles aux batteries : le lithium, le nickel, le cobalt et le cuivre. Nous avons associé ces matériaux à leurs applications et industries pertinentes, en nous concentrant sur la gestion de la multifonctionnalité dans les différents secteurs. L’analyse prend en compte deux types de gestion de la multifonctionnalité : la coproduction et le traitement en fin de vie par recyclage. Nous évaluons la cohérence au sein et entre les applications et industries, ainsi que tout au long des chaînes d’approvisionnement, du matériau au produit final, et analysons les implications des incohérences de manière quantitative et qualitative. Sur la base de ces résultats, nous discutons des éléments de vérification essentiels à mettre en place pour garantir une meilleure cohérence à l’avenir, et des pistes envisageables en nous appuyant sur une analyse influence–intérêt des industries concernées par un processus éventuel de normalisation. Résultats et discussion : l’analyse révèle des incohérences dans la gestion de la multifonctionnalité au sein et entre les applications et secteurs, ainsi qu’à différents niveaux des chaînes d’approvisionnement. Ces divergences peuvent entraîner une variation jusqu’à un facteur 5 des impacts climatiques par kilogramme de matériau. Une meilleure cohérence pourrait être encouragée par des initiatives ascendantes, portées par les associations professionnelles des métaux ou descendantes, pilotées par les industries elles-mêmes, voire un mélange des deux. Une vigilance accrue est requise pour la future ligne directrice obligatoire en matière d’ACV des batteries sur le marché européen. Pour assurer une cohérence globale, les industries internationales devront s’aligner sur ces directives. En attendant une harmonisation complète, la transparence sur les aspects méthodologiques, les incohérences possibles et leurs implications reste cruciale. Conclusions : la gestion de la multifonctionnalité n’est qu’un des aspects de consensus pour lesquels une harmonisation est nécessaire entre les différentes applications et industries. D’autres éléments, tels que la modélisation de l’électricité ou les méthodes d’évaluation des impacts, doivent aussi être comparés. Il est nécessaire de prolonger ces travaux afin d’identifier l’ensemble des incohérences potentielles et de guider la normalisation future. Cela pourrait être facilité par une analyse plus approfondie des voies possibles et le développement d’orientations pour un processus de consensus menant à une standardisation.
Ce travail est issu du projet LCA-SUB.